Lors de sa réunion du 5  juillet dernier ("La Voix du Nord" du 7.07.2013, p. 12 / "L'Observateur du Douaisis" du 11.07.2013, p. 6), le Conseil Municipal Douaisien a adopté, à la quasi-unanimité, "une délibération visant à mettre à disposition de l'Espace cultuel des Musulmans de Douai des bâtiments de l'ancienne caserne de Caux, rue d'Albergotti".

 

    Un bail empthytéotique de 99 ans sera donc signé par la ville, après qu'elle aura acheté les batiments à l'Etat, l'association cultuelle musulmane devenant ainsi locataire moyennent un loyer annuel de... un euro.

 

    L'objet du présent article n'est pas de relever que le bail emphytéotique qui va être signé est a priori tout à fait illégal : ce serait faire injure à nos élus que de les soupçonner d'accorder à un culte une aide prohibée par la loi de 1905 ( dite "de séparation de l'Eglise et de l'Etat" ) sans avoir parfaite connaissance de l'illégalité de leur acte. Nous pensons au contraire qu'ils le savent, et violent la loi en toute conscience, pour un motif qu'ils croient légitime.

 

    L'objet des propos ci-dessous sera plus simplement, et, nous le croyons plus opportunément, de nous interroger sur les conséquences probables, heureuses ou malheureuses, de cette illégalité volontaire.

 

    Pour ceux néanmoins que le respect de la loi intéresserait, nous les renvoyons à quelques articles :

 

    - Tribunal administratif de Marseille, en 2007 : link

 

    - Tribunal administratif de Rennes, en 2012 : link

 

    - Et, cerise sur le gâteau, un article mis en ligne par le site "Trouve ta mosquée.fr", qui explique parfaitement le mécanisme du bail, et l'illégalité d'un loyer symbolique : link

    Pour mémoire, rappelons que les Domaines ont évalué la valeur locative du bien ainsi loué 1 euro à 3.000 euros annuels : link

 

    I - Fallait-il que la mairie s'en mêlât ?

 

    La question mérite d'être posée, tant il est visible que c'est bien la mairie de Douai qui a cherché un bâtiment à attribuer à cette association cultuelle; les deux articles de presse précités insistent sur les diverses hypothèses retenues, et le choix final opéré par la commune.

 

    Pourtant, un détail interpelle : les travaux financés par l'association s'élèveraient, à en croire "La Voix du Nord", à une somme comprise entre 60.000 et 100.000 euros. L'association a donc, semble-t-il, des ressources. Pourquoi n'a-t-elle pas tout simplement cherché un bâtiment à acheter?

 

    Il existe, à Douai et dans un rayon de 15 mn en automobile, plusieurs lieux de culte exclusivement financés par leurs fidèles : protestants, témoins de jéhovah, catholiques traditionnalistes... aucun d'eux n'a jamais semble-t-il sollicité l'aide de la municipalité de Douai ou de celles alentours.

 

    Comme l'a très finement relevé le Conseiller Municipal radical de gauche René Lavarde : " n'y aura-t-il pas une autre association demain qui demandera un autre lieu de prière? Sachant qu'il n'y aura pas 4.000 m2 à donner à chaque fois"...

 

    Et c'est tout à fait exact, en effet : que fera la municipalité si les témoins de jéhovah, qui louent régulièrement Gayant Expo pour des réunions régionales, demandent une "ristourne" sous forme de subvention municipale ? S'il s'agit de leur répondre que c'est illégal -ce qui est vrai-, c'est un peu court après la mosquée...

 

    Autre chose interpelle : qui parmi nous méconnaît à la fois l'extrême piété et les compétences dans les métiers du bâtiment de nombreux fidèles musulmans? 10 % des Douaisiens seraient musulmans, selon "L'Observateur du Douaisis" - ce qui représente tout de même plus de 4.000 personnes (5.000 selon La Voix du Nord), dont de très nombreux jeunes hommes vigoureux -, et l'on ne pourrait imaginer qu'ils s'assemblent pour réaliser eux-même l'essentiel des travaux après avoir acquis un bâtiment ?

 

    L'auteur de ces lignes n'étant pas musulman (mais seulement petit-fils de musulman) il ne lui appartient pas de s'exprimer au nom de cette communauté, mais il ne lui est pas interdit de penser que les faveurs du Très-Haut se gagnent plus glorieusement dans l'effort que dans la soumission à des administrations laïques en vue d'obtenir des aides illégales...

 

    II - Pour quoi, et pour qui ?

 

    Lorsqu'un élu aussi expérimenté que Jacques Vernier décide après l'avoir mûrement préparée de faire adopter une délibération qu'il sait illégale, le hasard n'existe pas. A qui profite le crime?

 

    Notons tout d'abord, une grande pudeur journalistique relativement à deux points délicatement laissés dans le clair-obscur...

 

    * "salle de prière musulmane" pour L'Observateur, "salle de prière pour le culte musulman" pour La Voix du Nord... Qu'est donc, pour le dictionnaire "Larousse", un "édifice cultuel de l'islam"( link ), ou pour l'encyclopédie "Wikipédia"; "un lieu de culte où se rassemblent les musulmans pour des prières communes" ( link ) ? Eh bien c'est ... une mosquée.

 

    Y aurait-il donc des mots qui brûlent la plume ? "La Voix du Nord", dans son édition du 4 juillet 2013 ( link ), écrit ainsi, le plus sérieusement du monde, que le bâtiment "n’est pas une mosquée, car non dédié de façon permanente à la prière"... Serait-ce donc une "salle de prière musulmane" où l'on ne prierait pas? Ou a contrario la Grande Mosquée de Paris ne serait-elle pas une mosquée parce qu'on y donne également des cours de religion? Nul n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir...

 

    * "l'association est ouverte, elle a garanti que les fidèles seront accueillis quels que soient leur quartier et leur origine géographique. Les statuts de l'association ont d'ailleurs été modifiés en ce sens", assure M. Vernier dans l'Observateur...  ajoutant, selon La Voix du Nord, qui soulève un coin du voile, que "c'est la salle de prière de la totalité de la communauté musulmane"...

 

    C'est là que nous aurions aimé en savoir plus... Ou, plus exactement, que nous aurions souhaité qu'il en fût dit plus aux Douaisiens sur cette modification statutaire demandée par la mairie avant le vote, qui a permis d'accueillir les musulmans de toute "origine géographique", c'est à dire "la totalité de la communauté"...

 

    Car, selon nos informations, les statuts d'origine de l'association visaient en effet spécifiquement une partie seulement de la communauté musulmane, celle originaire d'Algérie... soit environ 4 % de la population Douaisienne et non 10 %, comme annoncé dans la presse, ce chiffre correspondant semble-t-il à 4% d'algériens, 4% de marocains, et 2% de français convertis, pour l'essentiel à l'occasion de mariages inter-religieux.

 

    Il est d'ailleurs intéressant de constater que le Président de l'association déclare dans l'Observateur "papier" que l'imam sera attribué par la Grande Mosquée de Paris, ajoutant dans la version "vidéo" qu'il sera rémunéré par la même Grande Mosquée ( link ). Mais au fait, par qui est financée ladite Grande Mosquée ? Qu'on se rassure, ce n'est pas seulement grâce au bénéfice de son restaurant réputé... mais surtout "en grande partie par l'Algérie"  ( link )...

 

    Disons donc franchement les mots qui fâchent : "la salle de prière de la totalité de la communauté musulmane" est, en réalité, une mosquée financée par l'Etat algérien... Il n'y a aucune honte à celà, mais précisément, rien qui nécessite de le cacher aux Douaisiens !

 

    III - Une mosquée pour quoi faire ?

 

    A la différence de nombreux élus, dont l'horizon se renouvelle par périodes de six années avec de brusques turbulences en fin de cycle, les hommes de foi visent le long terme, et il n'est pas inintéressant de nous pencher sur les projets de l'association ainsi favorisée par la municipalité en toute violation de la loi française...

 

    Rien de scandaleux, qu'on se rassure. Tout au moins, bien entendu, aux yeux de certains religieux. La foi, on le sait, s'accompagne de charité. Tout naturellement, les promoteurs de ce projet auraient, selon nos informations, annoncé leur intention de créer un "Secours islamique" une fois les travaux achevés, afin de venir en aide aux familles musulmanes Douaisiennes en situation difficile. On leur prête, peut-être à tort, d'avoir indiqué qu'ainsi les femmes musulmanes n'auraient plus à aller au Secours catholique... (Voir à cet égard l'objet même de l'association, tel que publié au "Journal Officiel" : link).

 

    Question sotte : que feront les femmes marocaines ?

   

    IV - Et c'est ainsi...

 

    "La Voix du Nord" du 22 août 2013 (p. 15) contait une bien curieuse aventure... Mme le maire de Masny ayant rénové le lieu de culte musulman de sa commune (sur fonds publics, elle aussi ?), entendait choisir à quelle association musulmane elle allait en remettre les clefs, n'excluant pas d'écarter celle historique créée il y a 22 ans au profit d'une autre constituée il y a 3 mois ! 

 

    Voici où conduit la main-mise politicienne sur le culte : à l'inévitable dérive communautariste.

 

    V - Douai, demain ?

 

    Qu'en sera-t-il à Douai ? Nous l'ignorons. A notre connaissance, nul n'a contesté devant le tribunal administratif la délibération illégale votée à l'initiative de M. Vernier. Pas même M. Cannie, tout occupé à déballer ses cartons... Lui qui s'était élevé contre un projet de mosquée à Sin Le Noble ( link ) aura peut-être confondu les deux communes...

 

    L'affaire, cependant, déchire la communauté musulmane Douaisienne, sans que personne y prenne garde (voir par exemple le commentaire n°8 publié sous la vidéo d'appel aux dons mise en ligne par l'équipe de la mosquée : link). Probablement M. Vernier croit-il même avoir réalisé un "bon coup" électoral, alors qu'il a perdu dans cette aventure bien malheureuse de nombreux soutiens respectueux gagnés au fil des années dans la communauté marocaine.

 

    Mais surtout, chacun le comprend, c'est la boite de Pandore qui a été ouverte par l'apprenti-sorcier pré-électoral: désormais, l'espoir de voir s'implanter à Douai un lieu de culte qui soit commun à toutes les origines musulmanes s'éloigne, de même que celui de prédicateurs locaux: c'est la voix de l'Algérie qui se fera entendre dans les bâtiments municipaux, tandis que les "autres" musulmans s'en iront écouter leurs "propres" prédicateurs, pour le meilleur ou pour le pire.

 

    C'est le Secours Catholique qui perdra probablement une bonne partie de son caractère oeucuménique: charité bien ordonnée commencera par soi-même.

 

    C'est surtout l'espoir de voir les musulmans Douaisiens s'unir pour prendre leur destin en main et tracer leur propre chemin d'intégration dans la communauté française qui aura été mis à mal par une délibération illégale motivée par des intérêts boutiquiers dont les fils demeurent à démêler...

 

    Que pourra la prochaine équipe municipale? Nous l'ignorons. Une chose est sûre, elle devra conserver en mémoire cette funeste délibération pour s'interdire de succomber à son tour à de tels calculs obscurs aux conséquences imprévisibles.

 

    Franz Quatreboeufs.

 

    PS. J'ai reçu, avant la mise en chantier de cet article, la visite d'un homme de Dieu très respecté dans la communauté musulmane de Douai, qui m'a honoré du vocable "d'homme de foi". La réflexion menée depuis lors pour préparer ces lignes doit beaucoup à la hauteur de ses vues. Qu'il reçoive ici l'expression de mon respect, et ma reconnaissance.

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