A quand les idées? La question semble légitime à en juger par l'agitation qui a saisi ce que le regretté Raymond Barre appelait le "microcosme"... A chaque semaine son annonce de candidature probable voire certaine au prochain scrutin municipal, sans compter les appels pressants à une ultime candidature du Grand Leader en personne...

 

    A la veille de la trêve estivale, nous en étions à cinq ou six listes, nous ne savions plus très bien... Un point commun? Aucune n'avait présenté l'amorce même d'un projet, mais toutes se faisaient fort d'être présentes sur la ligne de départ le jour J...

 

    Accordons cependant quelques "bons points", si l'on nous y autorise, à deux candidats déclarés, que nous citerons par ordre alphabétique afin de respecter l'équilibre... A Frédéric Chéreau, tout d'abord, qui, s'il brille par sa discrétion, n'en a pas moins réalisé un gros travail de présence dans les quartiers, sans pourtant en récolter les fruits, pour autant qu'on puisse en juger : il est à craindre pour lui que l'impopularité actuelle du Parti Socialiste ne lui joue des tours bien cruels malgré les efforts déployés. A Françoise Prouvost, ensuite, qui certes n'a pour l'heure annoncé aucun projet pour notre ville, mais suit en cela la ligne constante de son mentor en politique, qui depuis 30 ans cette année qu'il est maire de Douai a toujours eu pour seul projet municipal de "continuer ce qui est entrepris"... Qu'il nous soit permis de suggérer à Mme Prouvost que si sa fidélité est admirable sur un plan personnel (la morale en politique étant assez rare pour qu'on la salue), elle pose néanmoins quelques difficultés quant à l'avenir de notre ville, dont le déclin de plus en plus rapide depuis une dizaine d'années fait craindre un complet effondrement si sa seule perspective est de continuer à glisser inexorablement vers le précipice...

 

    Aux côtés des deux favoris, nous trouvons les politiques, dont l'action se fonde avant tout sur l'appui probable ou éventuel du parti dont ils se réclament: toujours dans le même ordre, Christophe Bataille en premier lieu, représentant local de l'UDI de Jean-Louis Borloo, jeune homme avenant qui se fait fort de présenter sa liste sans qu'on mesure bien son potentiel. Si la faiblesse électorale du Centre incarné par le MoDem tient à une volonté d'indépendance parfois difficile à mettre en oeuvre, la faiblesse politique de l'UDI tient elle à sa vocation exclusive de partenaire de l'UMP, ce qui rend la situation inextricable lorsque deux listes semblent vouloir se réclamer de l'UMP... En second lieu, précisément, Marie-Hélène Quatreboeufs-Niklikowski, Conseillère Municipale UMP, un temps dissidente de la majorité municipale de Jacques Vernier, et qui appelle aujourd'hui à ce qu'il se représente, faute de quoi elle conduirait sa propre équipe avec une probable investiture nationale de l'UMP... 

 

    Enfin, osons le mot, les deux pittoresques. Honneur cette fois au vétéran, puisqu'il fut premier à annoncer crânement qu'il défendrait ses couleurs territoriales, Robert Pantigny, entraîneur du club de boxe Douaisien et du célèbre "Parigo", boxeur talentueux qui aurait récolté son surnom dans la capitale, sans qu'on comprenne très bien par quel mystère il a perdu le " t " final de tout Parigot maîtrisant les bases de son argot... (occasion pour l'auteur de ces lignes de confesser qu'il est lui-même né Parigot, il y a trop longtemps déjà...).

    M. Pantigny est un "personnage", comme on les aime dans nos vieux films bien français où l'on distribue généreusement les tournées de bourre-pif. Il ne fait pas bon le critiquer, et l'ironie n'est pas sa tasse de thé. Bref, il a la couenne sensible, mais le fond est généreux, l'homme se démène pour son quartier, et sa jeunesse trop souvent délaissée. Il y aurait plus de Pantigny que nous vivrions plus en sécurité. Hélas, la chose publique est souvent bien complexe, et ne saurait se limiter à quelques bonnes idées énoncées avec l'énergie d'un poing fracassant une mâchoire. Voilà que tout à coup M. Pantigny s'annonce candidat, tenant sur le centre-ville de Douai des propos peu amènes, qu'on pourrait résumer en disant qu'aux yeux du héraut des quartiers, le reste du monde n'est pas grand chose ( voir par exemple cette vidéo de "L'Observateur du Douaisis" : link ).

    Raymond Barre, que nous citions tout à l'heure, aimait parfois à provoquer; c'est ainsi qu'il déclara un jour qu'on n'avait qu'à accorder aux Corses l'indépendance qu'ils réclamaient à cors et à cris. Prenons M. Pantigny au mot, et proposons-lui de réserver à chaque quartier -le centre en est un- le produit des impôts récoltés... Il n'échappera à personne que les contribuables les plus imposés se situent dans le centre-ville...

    Nous l'avons dit déjà à M. Pantigny, nous croyons pour notre part à la solidarité entre tous les Douaisiens, réunis par-delà leurs différences naturelles, parmi lesquelles celles de leur quartier d'origine.

    Ajoutons à cela l'acolyte de M. Pantigny lors de sa première déclaration publique, dont chacun sait que la réputation n'est pas précisément consensuelle ( voir cette vidéo : link ), et l'on comprend notre réticence quant à la démarche de M. Pantigny, au-delà des mérites personnels éminents que nous lui reconnaissons...

 

    Mais patatras! Voilà que "L'Observateur du Douaisis" du jeudi 18 juillet nous informe (p. 9) que M. Pantigny aurait décidé de rallier l'équipe de... François Prouvost! Depuis lors, silence radio, le grand bavard se fait carpe, rien ne transpire de ce qui précisément semble alliance de la carpe et du lapin, du critique vigoureux d'une situation qui ne peut a priori que résulter de trente ans de mandat municipal de M. Vernier, et de l'héritière politique de celui-ci, qui récuse toute remise en question du bilan de son mentor... L'exposé des motifs de cette alliance éventuelle, si elle vient à se confirmer, s'annonce passionnant quant aux idées (car nous présumons que c'est bien de cela dont il s'agit) qui les auront réunis!

 

    Et puis, parce qu'il faut bien finir par affronter le grand méchant loup, le surprenant M. Cannie, candidat déclaré du Front National... A 74 printemps, ce fringant jeune homme se présente comme "faisant de la politique depuis longtemps, comme un soldat", ce qui ne date pas d'hier, en effet: annonçant sa candidature à ... Roubaix aux élections municipales de 2008 (il y était conseiller municipal sortant, élu en 2001), il déclarait exactement la même chose au quotidien "La Voix du Nord", faisant remonter son engagement à... l'Algérie Française, dont il était partisan, à l'époque où "on crachait sur l'armée française".

    Du soldat, M. Cannie a la méthode; il saute sur une ville comme les légionnaires sur Kolweizi, sans se préoccuper d'avoir été invité... Voilà un homme que l'on imagine ardent défenseur des frontières se muer en sans-papier de la politique, à un âge où la voltige requiert un solide parachute... Reconnaissons-lui cependant de faire vivre l'économie locale, puisqu'après avoir déclaré n'avoir à Roubaix "qu'un studio", il annonce à présent avoir "loué une maison" à Douai... Le goût du confort semble lui venir avec le temps!

   Dans le même article Roubaisien, M. Cannie déclarait alors "qu'il ne faut pas faire de la politique avec de la haine". On ne peut que l'approuver. Reste cependant à apprécier ce que sont, pour notre fier légionnaire, les limites de l'amour pour autrui... qui semblent vite atteintes, si l'on en juge par cette pépite découverte dans "L'Observateur du Douaisis" du jeudi 11 juillet 2013 ( p. 5): "Jacques Vernier est un homme courtois, je ne m'attaquerai pas à l'homme. Nous avons de bons rapports, nous nous serrons la main"... En effet, dans le genre pas haineux, c'est toujours mieux que de se la coller dans la g..., comme pourrait dire l'excellent M. Pantigny!

    Reste que notre combattant aguerri maîtrise également parfaitement l'art de la peau de banane... C'est ainsi qu'un journaliste soudain bien pudique de "L'Observateur du Douaisis" (précité) nous révèle que MM. Vernier et Cannie se connaissent depuis 1977, date à laquelle M. Vernier "figurait dans une liste lors d'un scrutin local dans la métropole"... M. Cannie ayant créé dès 1973 un parti de Droite extrême (cf article Roubaisien), se seraient-ils par hasard croisés, et M. Cannie rappellerait-il quelques souvenirs au distrait M. Vernier quant à une jeunesse lointaine dont quelques bribes pourraient opportunément ressortir pendant la campagne?

    Nous n'en saurons pas plus, notre presse locale témoignant de pudeurs extrêmes dès lors qu'il s'agit d'entr'ouvrir un placard... Faisant ainsi la part belle aux rumeurs, qui profitent bien entendu... au Front National, comme de coutume! Vieilles casseroles, solides ragoûts!

    A propos de casseroles, s'il est en toute hypothèse un thème sur lequel M. Cannie sera très probablement discret, c'est bien celui des finances municipales! Cet excellent homme, qui fut trésorier dans son parti, a en effet commis la distraction de signer son compte de campagne... en blanc, ce qui lui vaudra, avec quelques éminences de son mouvement, d'être jugé par le tribunal correctionnel de Lille du 12 au 14 novembre prochains... Si la sagesse n'attend pas le nombre des années, il peut aussi arriver qu'elle se fasse attendre!

 

    On le constate en définitive, les attentes des Douaisiens semblent bien éloignées des esprits aiguisés des prétendants à la candidature municipale; ça parle, ça s'agite (à l'exception notable de M. Chéreau, que nous relevions ci-dessus), mais l'hélicoptère décolle à vide, sauf à embarquer un parachutiste!

 

    Et puis, bien sûr, il y a le Grand Timonier, dont les lèvres demeurent closes. Partira? Partira pas? L'angoisse est à son comble chez les prétendants. Car aussitôt le vide, ce sera le trop-plein, comme aimait à prédire le Général De Gaulle! Nous ne ferons aucun pari public, qui serait injure faite à tous les Douaisiens désespérés de voir leur ville s'enfoncer dans un déclin déchirant. On saura en octobre, assure-t-on. Et d'ici là? Chacun attend son heure fiévreusement.

 

    Et nous? Nous travaillons. Ce n'est pas d'hier: six ans déjà que notre équipe s'est attelée à établir un projet de ville et des propositions qui puissent redresser Douai. Le moment venu, nous présenterons le fruit de six ans de contacts, d'écoutes, de rencontres et de recherches continues. Ensuite? Les Douaisiens jugeront. La politique-spectacle ne passera pas par nous!

 

    Franz Quatreboeufs.

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